L’endettement public est un sujet complexe qui suscite de nombreuses discussions, controverses et opinions divergentes. Certains y voient une solution viable pour financer le développement économique et social d’un pays, tandis que d’autres y voient une menace pour la stabilité financière et la croissance à long terme. Mais quel est réellement l’impact de l’endettement public sur le développement ? Dans cet article, nous allons explorer les différentes facettes de cette question fascinante et controversée.
1- Le rôle de la dette dans le développement des pays
Afin de mettre en œuvre son plan de développement et de réaliser les objectifs qui y sont fixés, un pays a besoin d’investir dans les infrastructures, le capital humain, la santé, la nutrition, l’agriculture et la résilience face au changement climatique. Cet investissement doit provenir de la mobilisation des recettes nationales et des investissements privés. Il s’agit là donc d’une capacité que doivent avoir les gouvernements des pays.
Ce qui n’est malheureusement pas le cas, surtout dans les pays en voie de développement. Il faut noter que la vulnérabilité de l’endettement public s’est accrue ces dernières années dans les pays émergents et les pays à revenu faible. Si bien qu’à la fin de l’année 2019, la dette extérieure totale des pays à revenu faible et à revenu intermédiaire atteignait 8100 milliards de dollars, dont un tiers était dû à des créanciers privés.
C’est ainsi qu’en France, à l’issue du deuxième trimestre de l’année 2022, la dette publique était évaluée à 2 916,8 milliards d’euros. Une autre réalité est que plus de la moitié des pays de l’association internationale de développement sont aujourd’hui en état de surendettement ou carrément confronté à un risque considérable de surendettement. Les évaluations conduites par le Groupe de la Banque mondiale ont mis au point le fait que moins de la moitié des pays examinés respectaient les obligations minimales en matière d’enregistrement, de suivi et de notification de la dette.
La gestion et la transparence de la dette publique doivent normalement constituer des priorités afin que les fonds puissent contribuer à la croissance et faciliter un climat d’investissement positif dans les pays. Les décideurs politiques des pays acquisiteurs d’emprunts ont besoin d’informations claires et fiables sur la dette afin de prendre des décisions d’emprunt judicieuses.
À l’opposé, les donateurs, les créanciers, les analystes et les agences de notation de dettes ont besoin d’informations complètes pour évaluer l’emprunt et également les possibilités d’investissement. Par ailleurs, il faut souligner que les citoyens peuvent exiger des comptes aux gouvernements s’ils possèdent des informations transparentes sur les conditions et le but de la dette. Avant la pandémie de la COVID-19, l’endettement public s’était déjà envolé et atteignait des pics dans les économies émergentes et celles en développement.
Avec l’effet de la pandémie, un nombre grandissant de ces pays sont surendettés parce qu’aussi les créanciers avaient comme priorité urgente le soutien de ces pays. Pour les créanciers et les donateurs, ce soutien va permettre aux pays de se focaliser sur la lutte contre la crise sanitaire plutôt que sur les moyens pour recouvrir les emprunts. Enfin, il faut souligner qu’actuellement les institutions financières mondiales essaient de proposer des solutions face à l’endettement. Il s’agit des propositions telles que la suspension, la réduction, le service et la transparence de la dette.
2- La dynamique de la charge de l’endettement public
Les emprunts publics viennent à point nommé pour combler les carences de financement des gouvernements. Leur utilisation prudente entraîne une croissance économique plus élevée et renforce la capacité à assurer le remboursement de la dette extérieure et intérieure. Dans de nombreux États, le problème de l’endettement surgit lorsque la possibilité de service de la dette ne correspond pas à son rythme de croissance. Ce constat peut aussi s’expliquer par le fait que la dette surpasse des proportions soutenables. Ce qui a des répercussions sur l’économie sous la forme d’une réaffectation des ressources au service de la dette. Par ailleurs, il faut noter que la charge de la dette est très souvent évaluée en termes de ratio d’encours, ce qui signifie simplement la dette par rapport au Produit intérieur brut (PIB). Elle est également exprimée sous forme de ratio de flux, c’est-à-dire la dette extérieure par rapport aux recettes en devises.
Cependant, les observateurs indiquent qu’il est plus approprié de calculer la charge de la dette en termes de ratios de flux parce que le niveau de la dette est fonction de la capacité du pays à assurer le recouvrement de la dette. Un peu plus loin, il est estimé que la notion la plus importante concernant la limitation de la croissance de la dette publique doit être évaluée en tenant compte de la croissance des recettes.
Quand le déficit est nul, alors le ratio de la dette publique par rapport aux recettes n’augmentera pas tant que le taux de croissance de la dette ne surpassera pas le taux de croissance des recettes. Tous ces calculs permettent de comprendre le dynamisme ou le fonctionnement de la dette publique vis-à-vis des conditions de développement des pays.
3- L’endettement public et ses inconvénients sur l’économie des pays endettés
Il faut retenir que bien qu’ils jouent un rôle clé dans le développement des nations, les emprunts publics présentent aussi des inconvénients. Ainsi, ils entraînent des sorties de devises et donc des déficits de la balance des paiements sur le long terme lors du service de la dette. L’autre aspect est que la dette étant publique, il est du ressort de l’État de procéder au recouvrement et, la plupart du temps, en augmentant les impôts aux citoyens. Dans d’autres mesures, la dette publique est reconnue comme étant un facteur de paresse chez les nationaux et par conséquent alimente la dépendance vis-à-vis des pays étrangers ou des donateurs.
Cet état de choses contribue au retard de la croissance économique des pays. Il faut noter également que les emprunts extérieurs laissent derrière eux un contexte inflationniste dans l’économie des pays endettés. En effet, les fonds empruntés sont échangés contre de la monnaie locale, ce qui augmente la quantité d’argent en circulation et crée une inflation par la demande.
En outre, le service de la dette extérieure occasionne une réduction de l’épargne intérieure et de l’investissement. Ceci contribue nettement à la réduction du taux de la croissance économique. Par ailleurs, les emprunts publics encouragent les extravagances dans ce sens où si un gouvernement contracte des dettes à des donateurs, il peut dépenser ces fonds de manière extravagante. Cela va réduire le sens de responsabilité et induire un lourd endettement du pays compte tenu en fait de la mauvaise utilisation des fonds empruntés.
Une autre réalité aussi choquante, surtout en matière de service de la dette, concerne le fait que les gouvernements procèdent à des réductions au niveau des dépenses dans certains domaines comme la santé, l’éducation, l’agriculture et cela réduit le niveau de vie des populations. Enfin, le recouvrement des emprunts improductifs à long terme est reporté sur des générations futures qui en réalité n’ont pas nécessairement bénéficié de ces emprunts.